lundi 9 avril 2012

Moi, une ombre

L’enfant a disparu sous la table et le psychothérapeute sent grandir en lui la figure du Capitaine Achab. C’est une figure qu’il connait bien et qu’il a même appris à aimer même s’il n’en aime pas les aspect piquant. Il observe en lui une autre figure grandir. la table est un éléphant et il a en tête les images, qu’il trouvé émouvantes, des petits pachydermes sous les ventres énormes de leurs mère.

Lorsque l’enfant émerge de sous la table, la surprise est de taille. Il a barbouillé son visage de feutres. Le rouge, le vert, le noir soulignent ses lèvres. Le thérapeute réprime un mouvement de frayeur. Le visage de l’enfant est tout simplement hideux. “Regarde !” lui dit-il, mais le psychothérapeute ne voit que le sourire terrible du Joker. L’enfant, lui, est heureux. “J’ai fait comme maman”. Il déambule fièrement dans le bureau, les jambes raides, avec un air profond et grave.

“Il me faut un miroir” décide-t-il. Il cherche l’objet dans le bureau, ne le trouve pas. Il s’attarde un moment devant e psychothérapeute. Il ne trouve toujours pas son miroir. Puis, soudain, il le trouve. Un pâle rayon de soleil a pénétré par la fenêtre, et projette son ombre sur le mur blanc. Il se campe devant et réajuste son maquillage. “Voilà !” dit-il satisfait.