jeudi 31 juillet 2008

Y es tu ?

Plusieurs fois, le thérapeute s'était assoupi. Et l'enfant lui avait adressé ce mot "pas le moment de dormir". A chaque fois, le thérapeute en avait éprouvé de la culpabilité. Et puis une fois - était il moins fatigué ou plus culpabilisé que d'habitude ? - il était bien réveillé. Et l'enfant lui a fait passer ce mot : "pas le moment de dormir".

jeudi 10 juillet 2008

Dernier rendez-vous

C'est le dernier rendez vous. Après, la longue interruption des vacances. L'enfant a avalé en quelques enjambées l'espace qui sépare la salle d'attente du bureau. Le psychothérapeute l'a suivi lentement, ayant remarqué que lui emboîter le pas ajoutait à sa précipitation. Lorsqu'il arrive dans le bureau, l'enfant joue déjà. Il a en main un personnage et il lui leste les jambes avec une énorme boule de pâte à modeler. " Un bonhomme de pierre " dit-il. Le bonhomme de pierre fait face à de nombreux animaux, et triomphe de tous assez facilement. Les combats font rage sur l'armoire mais ni la griffe, ni la dent n’entame sa cuirasse. Le psychothérapeute parle à l'enfant en mettant l'accent sur cette armure qui semble protéger lebonhommedepierre de tout. Trop tôt, sans doute. L'enfant cesse immédiatement le jeu et place des animaux par terre. Il fait un enclos dans lequel il enferme péniblement quelques animaux et place une famille convenue. Le jeu sonne faux et le psychothérapeute a l'impression que c'est un mouvement défensif contre une intervention mal venue. Il s'en veut et s'enferme à son tour dans des rêveries. Elles le conduisent à la statue de la Liberté, vue la veille sur un magazine pour enfant, et, de là, à l'embouchure de la Gironde. Lorsque son regard se tourne à nouveau vers l'enfant, le jeu du bonhommedepierre a repris sur la commode. Il lui semble bien plus sincère que le précèdent.

" J'ai l'impression, dit le thérapeute à l'enfant, que tu as un peu peur que je te touche trop alors tu fais le bonhommedepierre ". L'enfant sourit largement et acquiesce. Le thérapeute continue, dans cette parole si particulière à la thérapie. Il parle sans savoir ce qu'il va dire. Ou plutôt : il prépare quelque chose à dire, et lorsqu'il parle, c'est une autre parole qui s'impose. Il aime à se dire que, dans ces moments, il est parlé. Il dit a l'enfant : " Le bonhommedepierre, c'est bien, ça protège. Mais comment fait il pour les émotions ? Pour la joie, la colère ou la tristesse ? " Un silence. " Peut être es-tu un peu bonhommedepierre, et que tu ne veux pas trop être touché par les émotions ? "

mardi 1 juillet 2008

Bruits d'histoire

Il y a eu les bruits de moteurs, assourdissants. Et les adultes qui couraient partout. Heureusement, un a eu l'idée de prendre les enfants et les a conduit à la cave. C'était la première fois qu'il voyait un bombardement. Il était plutôt impressionné par la puissance qui se dégageait de ces avions mais il n'avait pas vraiment peur. Quand ils sont sortis, il a surtout vu les vaches éventrées. Après, il s'y est habitué et il ne se souvient pas d'avoir vraiment eu peur. « C'était dans les années 30 » dit son fils, c'était la guerre en Espagne. Mais lui, quand il le raconte, il a peur.