J’aimerais dire que c’est d’abord à ce public que j’ai pensé pour lorsque j’ai écrit ces « ordinaires ». Il n’en est rien. Je les ai écrits d’abord pour moi, pour m’aider à sortir du tumulte, de la sidération, ou de la séduction qu’opérait et qu’opèrent encore sur moi certaines séances et certains enfants. Je les ai écrits ensuite parce que la fréquentation du newsgroup fr.sci.psychanalyse m’avait fait comprendre à quel point les idées sur la psychanalyse pouvaient être éloignées de ce que le praticien peut expérimenter au jour le jour.
Pourquoi "ordinaire" ? Parce que ce écouter, recevoir des enfants présentant des difficultés psychologiques est l'ordinaire des psychothérapeutes. Certes, chaque psychothérapie est unique, dans les difficultés qu'elle pose ou qu'elle dénoue, dans les angoisses qu'elle rencontre. Mais ce que rapporte chaque patient, c'est son ordinaire. Ce sont des angoisses quotidiennes, ses incompréhensions, ses fantasmes ou ses incompréhension à penser, à rêver... C'est ce qui lui est habituel. Chacun est, dans ses symptômes, aussi difficiles puissent ils être à vivre, comme dans de vieux habits.
Il y a ensuite un régime ordinaire de la psychothérapie. L'enfant sait que le mercredi et le vendredi, il a rendez-vous. Là aussi, il prend ses habitudes, ses marques. Il a sa façon d'entrer dans le bureau, et celle d'en sortir. Certains attendent qu'on leur ouvre la porte - mais n'est ce pas la le métier du thérapeute ? Aider à ouvrir des portes ? - d'autres précédent le thérapeute et s'enferment dans le bureau. La fin du rendez-vous donne parfois lieu a des fuites éperdues, laissant au thérapeute le soin de ranger le chaos méticuleusement semé pendant la séance.
Cet ordinaire, des entrées, des sorties, de ce qui se produit dans la séance, est le coeur de la psychothérapie.
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