dimanche 23 août 2009

Vous devriez aller voir M. Machin

Le thérapeute est entré. On l'a appelé : "vous devriez aller voir M. Machin". Alors il y est allé. On l’a conduit au travers de couloirs et de portes. Puis de nouvelles portes et de nouveaux couloirs. Il croise des hommes. On le regarde, on s'interroge : est il avec nous ? Ou avec les autres ? Enfin, une dernière porte. Il entre. Et constate d'emblée qu'il n'est pas le bienvenu. L'homme est là, à quelques pas, quatre tout au plus. Il est prostré, et tout en lui évoque le refus. Jusqu'à l'odeur. Il est comme statufié. L'ambiance même de la pièce est changée. Avant la porte, ce sont les bruits, les éclats de parole. Le vertige saisit le thérapeute. A quoi se raccrocher ? Des mots, des images lui traversent l'esprit. Dante - vous qui entrez ici abandonnez toute espérance - omega mélancolique - catatonie - impuissance. Que faire ? Que dire ? Se raccrocher, vite, à une idée, un savoir. Alors il note les signes. Et fait le diagnostic : mélancolie. Il a là un bouclier, qu'il croit solide. Alors il parle. Lentement et prudemment, car déjà l'extrême tristesse de l'Homme le touche. Ne va-t-elle pas l'envahir, le submerger et le détruire ? Lui dit la détresse qu'il perçoit. L'aide qui peut être apportée.

Des portes et des couloirs. Encore des portes et des couloirs. Les mêmes hommes. Les mêmes regards. Le thérapeute est sorti. S'en est-il sorti ?

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